Les archives des anciens États de Bretagne, conservées durant leur existence dans les tours de la cathédrale de Rennes, sont placées sous scellés en octobre 1790, et demeurent sous l'autorité de leur ancien responsable, le commis-greffier des états, Alexandre-René Duval-Pineu. Elles sont réunies au dépôt commun formé dans les locaux de l'ancien parlement de Bretagne, regroupant les archives des administrations provinciales supprimées. Les commissaires de chaque département ont été autorisés à la fin de l'année 1790 à emporter dans leurs directoires respectifs uniquement des archives intéressant l'administration de leur département.
Une lettre de Najac, datée de Rennes le 29 novembre 1790, aux administrateurs du directoire du département du Morbihan, dit qu'il a retrouvé des papiers qui peuvent intéresser la gestion du département, qui pourraient « lui devenir utiles ». Il s'agit donc vraisemblablement là encore d'affaires courantes. Il donne le détail du ballot qu'il fait parvenir par la messagerie et qui contient des pièces divisées en raison des villes, jointes à un procès-verbal des affaires courantes du casernement. « Le surplus du ballot renferme des exemplaires du marché des étapes, des instructions sur le casernement, des mandements pour la levée de la capitation, et enfin des modèles de routes pour la marche des troupes ». Aucune indication de quantité n'est donnée, mais on peut supposer qu'un ballot, même très volumineux, ne peut contenir qu'une partie des papiers qui nous sont parvenus. Le procès-verbal des affaires de casernement décrit un certain nombre de pièces concernant Vannes, Auray, Port-Louis, Lorient, Josselin de la fin des années 1770 au début des années 1790. Ce sont vraisemblablement les archives qui constituent en grande partie les articles 21 C 446-464, même si des reclassements et vraisemblablement aussi des tris ont largement remanié l'inventaire par rapport au bordereau. En particulier, les archives relatives à Josselin ont disparu.
Dans la séance du 29 décembre 1790, la commission « a entendu ses commissaires chargés des grands chemins, qui ont annoncé qu'ils étaient en état de faire le renvoi des papiers relatifs aux ouvrages en chantier sur les fonds ordinaires de 1784, 1786, 1789 et 1790 aux quatre autres départements de la Loire-Inférieure, du Morbihan, du Finistère et des Côtes-du-Nord. En conséquence, la commission a arrêté que les papiers concernant les ouvrages en chantier dans chaque département leur seront renvoyés par la voie de la messagerie, avec l'inventaire de la partie relative à chacun d'eux et que copie de chaque inventaire, souscrite des administrations du directoire, sera déposée en son secrétariat pour lui servir de décharge ; elle a aussi approuvé son projet de lettre qui a été proposé pour annoncer cet envoi ». La copie n'a pas été retrouvée dans les archives relatives à la commission de liquidation aux Archives départementales du Morbihan. Mais on peut penser que ces archives constituent les articles 21 C 468 à 476. On remarque au passage que le partage n'a pas forcément été très rigoureux puisque l'article 476 contient des documents sur l'Ille-et-Vilaine.
Dans le procès-verbal de séance du 5 août 1791, on apprend que les papiers de la navigation intérieure de Bretagne sont conservés au bureau des ouvrages publics du département d'Ille-et-Vilaine. Apparemment, aucun document de cette provenance n'est jamais venu enrichir les fonds des Archives départementales du Morbihan, puisqu'on n'en conserve qu'un seul article, datant de la décennie précédant sa dissolution, en 21 C 478.
Le directoire du département du Finistère transmet, d'après une correspondance conservée dans les archives de la commission de liquidation des anciennes affaires de Bretagne, ses rôles d'imposition de l'ancienne commission intermédiaire de Quimper, concernant des paroisses désormais situées dans le département du Morbihan. Locunolé en fait partie à l'époque révolutionnaire et jusqu'en 1857, ce qui explique la présence des rôles de cette paroisse dans le fonds.
À Vannes d'autre part, les papiers du bureau diocésain, détenus par Coquerel, semblent lui avoir été difficilement arrachés. Une lettre du secrétaire général de la préfecture du Morbihan au préfet Boullé, datée de Vannes, le 1er octobre 1807 (AD56, 391 T 2) dit en effet : « À cette époque [1790-1791], je fus chargé par l'administration d'aller retirer des mains de Monsieur Coquerel, secrétaire du bureau diocésain de la commission intermédiaire à Vannes, les registres et papiers dépendant de ce bureau. Après un moment de refus, il me remit un registre de séances, un registre de correspondance, et plus de cent gros paquets de vieux registres de rôles de vingtième, fouages, capitations, etc. »
Comme pour le fonds de l'intendance de Bretagne, celui des États, détenu par le département de l'Ille-et-Vilaine, est considéré tout au long du XIXe siècle comme trop prestigieux pour être dépecé. Ainsi, les demandes de remises formulées par les archivistes morbihannais n'aboutissent pas. En particulier, celle de 1855, qui concerne le bureau diocésain de Vannes et qui fait suite à la diffusion du tableau général des fonds de 1848, se voit répondre que « ces matières, qui par une erreur de classement, figurent comme fonds spéciaux au tableau de 1848, ont depuis été réunis à l'intendance et aux États de Bretagne dont elles avaient été distraites » (AD56, 374 T 1).
Beaucoup plus tard, en 1950, Georges Maumejean se propose de vendre au département dix-neuf documents en sa possession sur les fouages, casernement, capitations, comptes de la marine des années 1770, provenant des États de Bretagne. Mais la réponse de l'archiviste, Monsieur Thomas-Lacroix, manque, et on ne sait si la transaction a abouti.